La violence conjugale se définit comme un processus au cours duquel, dans une relation de couple, un partenaire exerce des comportements agressifs et violents à l’encontre de l’autre afin de le contrôler et de le dominer.
Les faits montrent que dans l’immense majorité des cas, la violence est exercée par l’homme et les femmes en sont les principales victimes.
9,5 % des femmes interrogées à l'occasion de l'enquête ENVEFF ont subi des actes de violence conjugale (physique, sexuelle, verbale, psychologique) au cours des 12 dernier mois précédent l'étude.
Cette violence se manifeste sous diverses formes :
La violence verbale et psychologique
Elle consiste à dénigrer, humilier, dégrader la femme dans sa valeur. Elle se manifeste par des attaques verbales, des insultes, des scènes de jalousie, des menaces, un contrôle de ses activités, une tentative pour l’isoler de ses proches et de ses amis. Isolement pouvant aller jusqu'à la séquestration.
Il s’agit de l’ensemble des atteintes physiques au corps de l’autre : gifles, coups de poing, coups de pied, sévices, strangulation. Le conjoint peut avoir recours à tout objet lors de l’agression : brûlure de cigarette, coups portés au moyen d’une ceinture, utilisation ou menace d’une arme telle que couteau, fusil, outil, etc.
Il arrive que la femme ait à subir des relations sexuelles sous la contrainte ou la menace, accompagnées de brutalités physiques, d’insultes, de scénarios pornographiques humiliants ; voire de viols collectifs.
Enfin, peut également s’exercer une violence de nature économique qui se définit comme le contrôle économique ou professionnel de l’autre. Elle peut entraîner pour la femme une privation de moyens ou de biens essentiels.
Ces quatre formes de violence constituent une atteinte à la personne et sont de ce fait des violences psychologiques.
Ces différentes manifestations de la violence ne sont pas la conséquence d’un mariage ou d’une union en difficulté, mais bien un comportement inacceptable puni par la loi.
Les études montrent que la violence conjugale se déroule toujours selon un cycle avec des phases très précises quel que soit le couple où elle s’exerce.
Dans un contexte de violence conjugale surviennent des périodes d’escalade, de tension débutant généralement par des agressions psychologiques :
Dénigrement de ce qu’est la femme.
Dévalorisation de ce qu’elle dit, de ce qu’elle fait.
Puis, petit à petit les violences verbales s’installent :
Railleries
Volume de la voix
Injures
Les études et recherches montrent que ces deux formes de violence débouchent, à plus ou moins long terme et presque systématiquement, sur la violence physique.
La femme éprouve de la peur et peut nier ce qu’elle ressent afin de maîtriser cette peur.
L’explosion de la violence
L’homme utilise la violence physique contre sa partenaire. Les formes de violences physiques sont différentes à chaque fois mais il y a toujours une progression dans leur intensité.
L’explosion de la violence peut sembler se caractériser par la perte totale de contrôle du partenaire violent.
La victime se sent alors terrorisée, trahie, abattue. Elle ne peut exprimer sa colère de peur de s’exposer à de nouvelles violences. Elle fait l’apprentissage de l’impuissance, mais c’est aussi à ce stade du processus que la femme peut déposer plainte.
La période de rémission
Après la crise, l’homme essaie de se déresponsabiliser des actes commis. Il minimise les faits, justifie son comportement par divers prétextes, accuse sa compagne de dramatiser et la culpabilise en la rendant responsable de la violence.
Puis, il regrette ses actes par peur de perdre sa compagne. Il demande pardon.
La femme se sent alors en partie responsable de ce qui s’est passé. Elle pense qu’en modifiant son propre comportement, la violence disparaîtra. Elle reprend espoir ; c’est à ce moment-là que, parfois, elle retire sa plainte.
La lune de miel
Le partenaire redevient calme et prévenant et lui jure qu’il ne recommencera pas.
La femme est encouragée à rester ou à reprendre la vie commune et à effacer de sa pensée les scènes horribles qu’elle a vécues.
La spirale de la violence
Les crises de violence apparaissent de plus en plus fréquemment ; et leur intensité s’accentue. Plus le cycle se répète, plus l’emprise de l’homme violent sur la victime est forte. Les faits et les études démontrent que lorsqu’un homme a usé de violence à l’encontre de sa partenaire, son comportement est rarement modifié par la rupture du couple.
De la même façon, un homme qui a été violent à l’encontre d’une partenaire, manifeste, le plus souvent, un nouveau comportement violent avec chacune de ses nouvelles partenaires.
La femme vit alors dans l’insécurité; s’ajuste aux demandes et aux humeurs de son conjoint. Elle se perçoit comme incompétente dans sa vie de couple et dans sa vie personnelle.
Sans une démarche personnelle pour sortir de la violence, possible quand l’homme se reconnaît violent, il continuera à recourir à ce mode “d’expression ”.
Les conséquences de la violence sur la victime
La confrontation à la violence entraîne : une grande fatigue nerveuse et physique, un sentiment de peur et d'’insécurité permanent, l’isolement, la honte et la culpabilité, un manque de confiance et une forte dévalorisation de soi-même. La femme n’arrive plus à exprimer sa volonté ni ses désirs, à savoir ce qui est bon pour elle. Elle se soumet aux exigences du conjoint jusqu’à en perdre son identité. Elle est paralysée, ce qui l’empêche de prendre des décisions.
Se dégager de l’emprise d’un conjoint violent relève d’un processus. Les femmes victimes de violence au sein du couple sont souvent accusées de ne pas savoir ce qu’elles veulent. Pourtant, les allers et retours au domicile ne sont pas des échecs mais bien des étapes. Lors de leurs départs successifs, les femmes éprouvent leur capacité à vivre seules et à s’organiser avec les enfants. Elles testent les aptitudes de changement de leur conjoint, prennent connaissance des aides dont elles peuvent bénéficier et apprennent à quitter progressivement un environnement qu’elles connaissent.
Trouver une personne de confiance à qui parler et à qui en parler, cela permet :
De sortir de l’isolement mis en place par le conjoint violent.
De diminuer la tension émotionnelle et la panique.
De faire le point sur sa situation et de prendre des décisions.
De connaître ses droits.
De savoir se protéger en cas de crise.